A l’occasion de leur participation à l’ouverture officielle de la neuvième édition du Forum pour le développement de l’Afrique, hier lundi 13 octobre, dans la soirée, à Marrakech, les deux chefs d’État Alassane Ouattara et Macky Sall, respectivement de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, ont adopté un discours front et direct qui exclut l’afro-pessimisme en invitant les pays du continent à prendre leur destin en main en s’appuyant sur leurs richesses naturelles et humaines.
D’emblée, le président du Sénégal, Macky Sall, a assuré que cette 9ème édition du Forum pour le développement de l’Afrique(ADF) en portant un intérêt particulier aux modes novateurs de financement de l’économie «s’inscrit dans la tendance positive qui caractérise le mieux les économies africaines depuis plus d’une décennie». Et d’ajouter que «malgré les défis et les peurs, l’Afrique poursuit sa dynamique de croissance et de développement par la mobilisation accrue de ses propres ressources et la diversification de ses partenaires». En effet, pour le président sénégalais «ses mutations positives» montrent à quel point les solutions classiques, jusque-là amplifiées, en matière de développement, «ne sont plus en phase avec l’ampleur et l’urgence des besoins de nos pays». Ainsi, Macky Sall a souligné que l’ambition n’est pas seulement de lutter contre la pauvreté, mais d’installer par «nos propres réformes d’une croissance soutenue, durable, génératrice d’emploi, de prospérité et de développement inclusif». Pour le chef d’État sénégalais, si l’Afrique veut y aller de l’avant sur cette voie de progrès «nous devons nous donner des moyens de changer de paradigmes, car ce qui est possible sur tous les continents l’est aussi pour l’Afrique». «Nous devons explorer d’autres voies complémentaires, voire alternatives, au financement public et à l’aide au développement forcément limités et en déclin continu, nous devons considérer l’investissement privé et le partenariat avec l’Afrique comme une partie intégrante d’un nouvel ordre moderne plus adapté aux besoins de nos pays».
Macky Sall avoue que le sommet de Dakar, en juin dernier, sur les infrastructures en Afrique a été une opportunité pour lancer un plaidoyer pour la levée de contraintes qui empêchent le développement des pays, telles que «le plafond d’endettement». «Vous ne voulez pas que les pays s’endettent pour financer les infrastructures, comment voulez-vous qu’ils soient développés, c’est une grande problématique ?», s’interroge le président sénégalais sous les applaudissements du parterre présent. Et de poursuivre : «Il y a urgence à réformer la gouvernance économique et financière mondiale pour améliorer les conditions d’accès des pays en développement aux marchés des capitaux».
Citant Alassane Ouattara comme étant aussi un expert de la finance internationale, Macky Sall a déclaré vers la fin de ce discours, prononcé devant le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, et d’autres membres du gouvernement, en plus du président ivoirien Alassane Ouattara et son épouse Dominique Outtara, que ce dernier pourra suggérer des solutions à tout le continent en ce qui concerne le financement alternatif, telles que la finance islamique ou les transferts des migrants estimés au Sénégal à 2 milliards de dollars par an.
En prenant la parole, et avec toute l’aisance et la bonne humeur qu’on lui connaît, le président de la Côte d’Ivoire a soutenu, de son côté, que le thème de cette 9ème édition du Forum pour le développement de l’Afrique, organisée par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), est d’actualité. Le discours du président ivoirien a suit la perspective de suggérer d’éventuelles solutions pour soutenir la croissance des pays africains. Ainsi, pour Ouattara, il faut d’abord accélérer le développement des marchés financiers et assurer «la transformation de nos économies», à travers «le développement des PME» et les aides proposées au secteur informel à fin de réussir sa mutation vers le formel. Alassane Ouattara a expliqué que «la mobilisation de l’épargne» à travers l’encouragement de la bancarisation, entre autres, puisqu'elle vient à la tête des solutions qu’il faut adopter pour réaliser une croissance économique vu que les transactions informelles sont la cause des pratiques illicites, telles que le blanchiment d’argent. Deuxième axe de cette feuille de route du président ivoirien, la mobilisation boursière. Sur ce point, il cite la BRVM qui réalise actuellement une croissance annuelle de 15%. Le troisième point développé par le président Ouattara a trait à l'encouragement du secteur privé, parce qu' «en vérité, l’Afrique change et devient de plus en plus compétitive». Le président Ouattara demande aux Africains de véhiculer cette image de changement comme quatrième point de cette stratégie de développement du continent. En cinquième point, Alassane Ouattara invoque la mobilisation des ressources des pays du Sud à travers, notamment, le financement Sud-Sud. Le sixième point cité par le chef d’État ivoirien touche le partenariat public-privé, par le biais du financement des grands projets capables de créer un nombre de postes d’emploi. Le dernier point concerne la transformation que doivent avoir les transferts de fonds des migrants africains, «un point très important» pour la transformation de l’Afrique. «À ces différentes ressources, il faut ajouter le recours au marché international des capitaux», souligne le président ivoirien, qui lance à la fin de son discours «j’ai foi en notre continent qui surprendra le monde».
Auteur: Sanae Taleb
Publié le: Mardi 14 Octobre 2014
Commentaires (0)
Participer à la Discussion
Règles de la communauté :
💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.