Les Guinéens se sont rendus aux urnes ce dimanche pour élire leur futur président, dans une élection qui marque la fin officielle de la transition politique ouverte depuis le coup d’État du 5 septembre 2021.

Un scrutin historique, mais controversé

Cette élection, la première depuis le renversement de l’ancien président Alpha Condé, symbolise une étape décisive vers le retour à l’ordre constitutionnel. Plus de 6,7 millions d’électeurs inscrits étaient appelés à voter dans 24 000 bureaux de vote répartis sur l’ensemble du territoire national.

Le scrutin s’est tenu sous fortes mesures de sécurité : fermeture temporaire des frontières, restrictions de circulation et déploiement massif des forces de défense pour garantir la sérénité du processus.

Un champ politique déséquilibré

Neuf candidats étaient en lice, dont le général Mamadi Doumbouya, président de la transition et candidat indépendant. Ancien chef des forces spéciales, il est largement donné favori pour ce scrutin, dans un contexte marqué par l’absence de plusieurs figures historiques de l’opposition.

Des leaders politiques tels que Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré ou encore Alpha Condé n’ont pas pris part à cette élection, certains étant en exil ou empêchés de se présenter.

Une élection apaisée, mais à faible mobilisation

Dans plusieurs centres de vote à Conakry et à l’intérieur du pays, le vote s’est déroulé dans une atmosphère calme et sans incidents majeurs, même si l’affluence des électeurs a été faible à modérée.

Dans les quartiers de Nongo, Yattaya, Gbessia ou encore à Labé et Kindia, les électeurs sont venus au compte-gouttes, traduisant un certain désintérêt ou une lassitude politique. Des appels au boycott avaient également circulé, notamment de la part de partisans de l’opposition absente du scrutin.

Défis démocratiques et préoccupations

Plusieurs organisations internationales et régionales, dont la CEDEAO, ont déployé des missions d’observation pour évaluer la régularité du vote. Elles ont relevé un climat globalement paisible, mais aussi des préoccupations liées à la liberté d’expression, à la participation restreinte des partis politiques et à la couverture médiatique de la campagne.

La nouvelle Constitution, adoptée cette année, a levé l’interdiction faite aux militaires de se présenter à une élection présidentielle et a porté la durée du mandat à sept ans, un élément qui a pesé sur les débats politiques précédant le scrutin.

Prochaines étapes

Les bureaux de vote ont fermé à 18 h GMT. Les résultats provisoires devraient être annoncés dans les 48 à 72 heures à venir, selon les autorités électorales. En cas d’absence de majorité absolue, un second tour sera organisé conformément à la loi électorale.

Entre espoirs et critiques

Pour certains électeurs, cette élection représente un espoir de stabilité et de retour à la normalité institutionnelle après plusieurs années de transition. Pour d’autres, elle reste une élection verrouillée, sans véritable compétition démocratique.

Les autorités ont salué la discipline et le civisme des citoyens, tandis que la population attend désormais les premiers résultats avec prudence et curiosité.