L'homme le plus riche du continent africain, Aliko Dangote, a annoncé dimanche que la plus grande raffinerie d'Afrique, située au Nigeria, allait doubler en trois ans sa capacité à 1,4 million de barils par jour pour en faire "la plus grande raffinerie au monde".

"Nous sommes en train de plus que doubler les barils... à 1,4 million contre 650.000", a déclaré M. Dangote, le propriétaire de cette raffinerie, lors d'une conférence de presse à Lagos.

"Cela en fera la plus grande raffinerie" du monde, dépassant la raffinerie indienne de Jamnagar, a estimé l'homme d'affaires nigérian.

Avant l'ouverture de la raffinerie privée Dangote l'année dernière, le Nigeria devait importer la quasi-totalité de ses carburants, malgré son statut de plus grand producteur de pétrole en Afrique.

Le pays pompe en moyenne 1,5 million de barils de pétrole brut par jour, selon l'OPEP, mais il est encore loin de son objectif de deux millions de barils par jour.

Après des années de négligence et de mauvaise gestion des raffineries publiques, M. Dangote a bouleversé le jeu des acteurs établis dans ce pétro-État marqué par la corruption et a fait baisser les prix de l'essence pour les consommateurs.

"Cette expansion reflète notre confiance dans l'avenir du Nigeria, notre foi dans le potentiel de l'Afrique et notre engagement à bâtir l'indépendance énergétique de notre continent", a ajouté M. Dangote.

Il a précisé qu’il y avait "beaucoup de demande" en provenance d’Afrique de l'Ouest et d’Afrique de l'Est.

La raffinerie, qui exporte également du kérosène, principalement vers les Etats-Unis, l’Europe et le Brésil, et a suscité des craintes de monopole en devenant elle-même un acteur puissant, prévoit d’être cotée à la bourse du Nigeria l'année prochaine.

"C’est un pas vers une plus grande propriété et transparence du marché", a déclaré Aliko Dangote.

- Grève récente -

Une deuxième raffinerie privée, BUA, est en construction par un autre milliardaire nigérian, Abdul Samad Rabiu.

En septembre, M. Dangote a pris l'initiative d'utiliser ses propres camions au gaz naturel pour distribuer du carburant au Nigeria, ce qui a déclenché une grève d’un syndicat de chauffeurs de camions-citernes, l'accusant d'avoir exigé, à l'embauche des conducteurs, qu'ils ne soient pas syndiqués.

Une grève de deux jours, qui avait fait planer la menace de pénurie de carburant dans le pays le plus peuplé d'Afrique, s’est terminée le 1er octobre après une médiation du gouvernement.

L'association des cadres supérieurs du pétrole et du gaz naturel du Nigeria (Pengassan) avait accusé la raffinerie de licencier 800 salariés locaux parce qu’ils étaient syndiqués, et de les remplacer par 2.000 travailleurs indiens.

Des accusations qualifiées de "mensonge" par la raffinerie, précisant avoir renvoyé seulement un petit nombre d'employés pour des "actes de sabotage", sans toutefois donner de chiffre exact.

Pengassan "a accepté d'entamer le processus de levée de la grève (...) tandis que Dangote entame le processus de transfert des employés licenciés vers d'autres entreprises du groupe Dangote, sans perte de salaire", avait alors annoncé le ministère du travail nigérian le 1er octobre.

M. Dangote a remercié dimanche le gouvernement fédéral pour son rôle "dans la médiation de nos récentes perturbations à la (raffinerie), liées aux activités syndicales et à certaines tentatives de sabotage".