Conférence de presse du gouvernement : Les ratés d’un exercice de communication
Le gouvernement a organisé une conférence de presse, vendredi dernier 10 octobre. Mais c’est à peine si cette communication n’est pas passée inaperçue. Et pourtant, trois ministres étaient pressentis pour animer la conférence, sans parler de la nouvelle porte-parole du gouvernement.
Ça devait donc être un moment fort en termes de communication publique.
Seulement, l’affaire n’est pas loin d’un non évènement. Presque tous les grands titres de la presse quotidienne lui ont réservé la part congrue, en dehors du "Soleil" (naturellement !) et de "Walf Quotidien".
Il est vrai que ce manque de visibilité peut être lié à une actualité inattendue : la dégradation de la note du Sénégal qui a ravi la vedette à toutes les informations du jour. Cette actualité a occupé la une de l’essentiel de la presse.
Mais la conférence de presse coïncide aussi avec un jour de match des Lions. Ce rendez-vous majeur devait être pris en compte par la porte-parole du gouvernement. Pour avoir péché dans l’analyse de l’agenda national, les initiateurs ont privé la conférence de presse d’une meilleure visibilité.
Et tout cela renvoie justement à ce qui ressemble à un déficit de préparation de la conférence. On dirait que toutes les garanties n’ont pas été prises avant la tenue de l’activité. Sinon, comment comprendre que sur trois ministres annoncés seuls deux se soient présentés et que l’un quitte avant la fin de la rencontre.
En effet, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement Cheikh Tidiane Dièye a quitté la rencontre avant la fin parce qu’il devait prendre l’avion pour assister à une cérémonie qu’il devait lui-même présider. Quant au ministre de l’Intérieur, Me Bamba Cissé, non seulement il ne s’est pas présenté, mais aucune explication n’a été donnée sur son absence.
D’ailleurs, au moment de lire la note du ministère de l’Intérieur, la porte-parole a commencé par « remercier les deux ministres qui ont accepté de venir rendre compte au peuple. C’est une directive que le président nous a donnée suivie du Premier ministre ».
Ce passage, ajouté à l’absence d’explication, tend à laisser croire que Me Bamba Cissé n’a pas voulu se plier à l’exercice.
Pourquoi alors mettre son nom, s’il n’est pas partant ? Pourquoi fixer la conférence à un jour et une heure qui ne conviennent pas à l’un des animateurs qui doit aller en voyage?
Tout ceci montre les manquements qu’il y a eu dans ce premier exercice qu’il faut tout de même saluer.
Par ailleurs, les objectifs de communication doivent être clairement définis avant la prise de parole. La conférence de presse n’est pas une fin en soi. Lorsqu’on fait venir un membre du gouvernement, ce n’est pas pour qu’il fasse le bilan de son département. On n’est pas en mi-mandat. Certes, il peut répondre à toutes les questions des journalistes liés à son ministère. Mais dans sa communication initiale, il doit avoir un message fort à faire passer. Il a besoin d’être court, clair et concis. Autrement dit, il n’est point nécessaire de parler 15 à 20 mn en ouverture comme l’ont fait Moustapha Guirassy et Cheikh Tidiane Dièye. Cette formule fait durer la conférence (plus de 2 heures) qui devient lassant en plus de noyer le ou les messages clés.
Ensuite, le choix des sujets reste primordial. Il faut un thème intéressant et actuel. Par exemple, il ne sert pas à grand-chose de venir parler d’inondation et d’assainissement en mi-octobre, alors que l’hivernage tire à sa fin. Marie Rose a voulu expliquer le lien entre éducation, assainissement et les filets sociaux à venir, mais la vérité est que l’assainissement est certes un thème important, mais pas un sujet d’actualité.
Enfin, la communication s’est faite uniquement en wolof. Marie Rose a expliqué le choix par le besoin d’une appropriation des langues nationales et l’importance d’éprouver une fierté à les utiliser. Mais cette ambition n’exclut pas un petit résumé en français. Non seulement le français reste la langue officielle du Sénégal malgré les intentions souverainistes, mais il permet aussi d’inclure la communauté étrangère et certains Sénégalais qui ne parlent pas wolof.
Tous ces points sont sans compter l’attitude de Marie Rose Faye qui n’a pas été très diplomatique dans sa façon de faire. «Elle était trop rigide, pas trop conciliante. C’est comme si elle tentait de s’imposer», déclare un confrère qui a assisté à la conférence.
Tout ceci pour dire que l’idée de rendre compte au peuple est une belle initiative. Mais il faudrait un travail rigoureux pour la réussite de l’exercice. On ose espérer que la deuxième sera plus aboutie à la fois dans le casting, le choix des thèmes et les autres aspects qui vont avec.
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