Développée afin d’être utilisée dans diverses productions, allant de TikTok au grand écran, ladite « actrice » compterait déjà plusieurs agences artistiques désireuses de la représenter.

Tilly Norwood ne s’est pas fait que des amis à Hollywood. Déjà. Depuis qu’elle a été présentée dans le courant du week-end au Festival du film de Zurich, en Suisse, un parterre de personnalités du cinéma est monté au créneau pour dénoncer l’arrivée de cette « actrice » entièrement générée par intelligence artificielle.

« J’espère sincèrement que tous les acteurs représentés par cet agent vont le lâcher. C’est dégueulasse. Il faut savoir lire l’ambiance », a pointé du doigt l’actrice des films Scream et Abigail Melissa Barrera dans une story sur Instagram, en réaction à l’annonce selon laquelle une agence artistique serait déjà susceptible de représenter la comédienne 2.0.

« Et qu’en est-il des centaines de jeunes femmes bien vivantes dont les visages ont été assemblés pour la créer ? Vous n’auriez pas pu en embaucher une seule ? » s’interroge en commentaire Mara Wilson, aperçue notamment dans Matilda en 1996. « Ce n’est pas une actrice, mais bien essayé », souffle à son tour la star de la série Netflix sur les frères Menendez Nicholas Chavez.

L’introduction de la fausse actrice aux longs cheveux bruns des studios Xicoia s’est faite, ce samedi, par son instigatrice, la comédienne néerlandaise Eline Van Der Velden, qui compte bien faire de Tilly Norwood « la prochaine Scarlett Johansson », comme elle l’a déclaré cet été lors de la sortie d’un clip vidéo mettant en scène pour la première fois son égérie.

« Lorsque nous avons lancé Tilly au début, les gens se demandaient : “Mais qu’est-ce que c’est ?” Et maintenant, nous voilà sur le point de révéler le nom de l’agence qui la représentera dans les prochains mois », a déclaré sa boss lors d’une table ronde organisée par Deadlineà Zurich, avant de revenir défendre bec et ongles, ce lundi, son projet devant l’avalanche de critiques.

« Je ne considère pas l’IA comme un substitut à l’humain, mais comme un nouvel outil, un nouveau pinceau, écrit-elle sur Instagram. Tout comme l’animation, les marionnettes ou les images de synthèse ont ouvert de nouvelles possibilités sans pour autant supplanter le jeu d’acteur, l’IA offre une autre façon d’imaginer et de construire des histoires. »

« Va te faire foutre »

Son but ? Proposer des talents 100 % IA destinés à être utilisés dans tous les domaines du divertissement, allant de TikTok au cinéma, en passant par YouTube ou les jeux vidéo. À l’image de sa petite protégée, ils doivent être livrés avec une personnalité développée, une voix, et un arc narratif évolutif, leur permettant par exemple d’interpréter des monologues ou d’improviser.

« Travailler avec elle a été un véritable cauchemar. Elle n’arrivait même pas à atteindre ses objectifs, et était toujours en retard », a ironisé l’acteur de The White Lotus Lukas Gage, toujours en commentaire du post de Melissa Barrera. « Va te faire foutre », a pour sa part lâché sur X Ralph Ineson, le Galactus du dernier volet des 4 Fantastiques.

Une réaction somme tout entendable, moins de deux ans après une grève sans précédent à Hollywood, au cours de laquelle l’encadrement de l’intelligence artificielle a joué un point de crispation majeur. Et pour cause, les acteurs craignaient de voir cette technologie être utilisée pour cloner leur voix ou leur image, sans leur consentement. C’était sans compter sur leur nouvelle concurrente.