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Saint-Louis : le projet Biostar révolutionne l’autonomie énergétique des PME agroalimentaires grâce aux bioénergies

Auteur: Babacar Séne (correspondant) Saint-Louis

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Saint-Louis : le projet Biostar révolutionne l’autonomie énergétique des PME agroalimentaires grâce aux bioénergies

Face aux défis énergétiques qui handicapent encore la compétitivité du riz local et freinent l’essor des rizières, une innovation majeure vient d’être testée avec succès dans le nord du Sénégal. Il s’agit d’une centrale de production d’électricité renouvelable alimentée par la balle de riz, un résidu issu du décorticage. Installée au sein de la PME DB Foods, à Thilène, dans la commune de Rosso Béthio (département de Dagana), cette technologie s’inscrit dans le cadre du projet Biostar, qui ambitionne de transformer durablement le paysage énergétique des Petites et moyennes entreprises (PME) agroalimentaires d’Afrique de l’Ouest.

Pour de nombreuses unités de transformation, la facture énergétique demeure l’un des principaux obstacles à la compétitivité. Entre coûts élevés et délestages fréquents, les PME peinent souvent à sécuriser leur approvisionnement en énergie. Le projet Biostar apporte une réponse concrète : valoriser les résidus agricoles pour produire de l’électricité, de la chaleur ou de la vapeur, selon les besoins.

Coordonnateur du projet, Joël Blin, chercheur au Centre International de Recherche en Agronomie pour le Développement (CIRAD), explique que l’ambition est de « rendre les producteurs autonomes d’un point de vue énergétique en leur permettant de transformer leurs propres déchets en énergie ».

Selon lui, le programme couvre cinq filières clés : l’anacarde, l'arachide, le karité, la mangue et le riz, toutes fortement dépendantes d’une énergie stable et accessible pour assurer la transformation des produits agricoles.

Une vingtaine de PME pilotes et des technologies adaptées

Biostar travaille actuellement avec une vingtaine de PME pilotes réparties dans les différents pays d’intervention. Le projet mise à la fois sur des technologies fabriquées localement notamment pour les filières arachide et karité et sur des solutions importées lorsque celles-ci offrent un meilleur rendement.

C’est précisément le cas à Thilène, où une technologie de gazéification importée du Cambodge a été installée en décembre 2024. Ce système permet de produire de l’électricité à partir de la balle de riz, jusque-là considérée comme un simple déchet encombrant. « L'objectif est de montrer que ces solutions fonctionnent sur le terrain, avec des technologies adaptées aux besoins réels des unités », souligne Joël Blin.

Un impact environnemental majeur

Au-delà de la réduction des coûts et de l’amélioration de la compétitivité, la dimension environnementale est au cœur du projet. En substituant l’électricité issue du réseau souvent produite à partir de centrales thermiques par une énergie renouvelable tirée d’un résidu agricole, Biostar contribue directement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le procédé de gazéification présente aussi un autre avantage : la production de biochar. Ce sous-produit, comparable à un charbon végétal, est reconnu pour ses effets bénéfiques sur les sols. Utilisé comme amendement, il améliore la teneur en carbone, favorise la rétention d’eau et contribue à une meilleure croissance des plantes. Ainsi, la technologie permet non seulement de remplacer le fioul, mais aussi d’offrir une alternative durable aux intrants agricoles d’origine fossile.

Vers un modèle reproductible dans toute la sous-région

Avec la réussite de cette installation à Saint-Louis, le projet Biostar démontre qu’un modèle d’autonomie énergétique locale est non seulement possible, mais aussi rentable et écologique. Les premiers résultats augurent une transformation profonde des pratiques énergétiques dans les PME agroalimentaires, en particulier dans les zones rurales où les besoins sont les plus criants.

Si ce modèle se généralise, il pourrait devenir un véritable levier de compétitivité pour les chaînes de valeur agricoles en Afrique de l’Ouest, tout en contribuant à un développement plus durable et résilient face aux crises énergétiques.

Auteur: Babacar Séne (correspondant) Saint-Louis
Publié le: Lundi 24 Novembre 2025

Commentaires (3)

  • image
    Xalass! il y a 4 heures

    ON ENVOIE DES SATELLITES EN ORBITE MAIS…..
    Ce geste que les deux femmes font, je croyais qu’il avait disparu depuis longtemps. Maintenant, il y a des machines qui font le boulot à notre place et qui nous évite d’inhaler des particules nocives. Quand est-ce qu’on va décharger les femmes de tâches pénibles ?

  • image
    Xalass! il y a 4 heures

    "qui nous évitent d'inhaler..."

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    Défenseur il y a 4 heures

    Un bon point

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