Les années passent et la célébration de la fête du 15 août dans la ville de Saint-Louis garde toujours un de ses moments fétiche : le pique-nique à la plage de l'hydrobase, malgré l'opposition affichée des religieux.  Ces derniers considèrent l'évènement comme une ‘'manifestation satanique'' qu'il faut combattre à tout prix, en particulier par l'organisation de contre-manifestations, à l'image de chants religieux en plein jour sur la place Faidherbe.

En ce jour tant attendu, les véhiculent se bousculent sur la principale route qui mène à l'Hydrobase, point de convergence de milliers de personnes. Vaste étendue de sable entourée d'une végétation de filaos, la plage de l'Hydrobase répond volontiers à l'appel des vacances. Sous le soleil chaud, les randonneurs s'affairent à l'aménagement de petits espaces où passer la journée jusqu'au soir, en dressant des pare-soleils. 

Assise sous un abri de fortune, pour se ‘'prémunir de la chaleur'', juste 4 pieux surmontée d'une couverture, Catherine Badji, en compagnie de ses enfants, contemple le grand bleu dont les vagues déferlent mollement sur la plage.  ‘'Je suis avec mes enfants ici pour m'offrir quelques moments de fraîcheur. Ici à Saint-louis, les gens ont l'habitude d'aller à la plage le jour du 15 août'', explique la dame Badji. Non loin d'elle, un groupe de jeunes militaires s'abandonnent aux délices d'une bonne partie de thé. Amadou Tidiane Camara n'est pas de garde aujourd'hui. Et autant en profiter pour voir ce à quoi ressemble véritablement la célébration de la 15 août.

‘'Je suis venu découvrir l'hydrobase. Voir ce qui s'y passe réellement. J'entends beaucoup parler de l'endroit. Je ne l'a l'ai jamais vu'', fait savoir le militaire.Ils sont nombreux, en effet, à vouloir lever un coin du voile sur la manifestation qui charrie d'énormes clichés aussi négatifs les uns que les autres. Considérée juste comme un moment de ‘'grande débauche''.

Cheikh Sèye, manageur d'un groupe de musique, présent dans la ville pour une prestation ponctuelle, réfute ces allégations. ‘'Je n'ai rien vu d'anormal. J'ai juste constaté ce que j'ai vu dans d'autres plages à Dakar, Mbour etc.'', lance-t-il, avant d'ajouter : ‘'c'est l'effet d'une forte médiatisation''. Son camarade est aussi du même avis. ‘'Les gens viennent se baigner, se détendre, c'est tout. Je crois que le 15 août est tout simplement un moment de retrouvaille'', estime Seydi Mendoza.

Pour d'autres, c'est aussi le moment pour faire prospérer ses affaires. Et là, c'est l'affaire des grandes entreprises (boissons, télécommunications) qui ont déployé les gros moyens pour s'offrir des niches en or de publicité.  ‘'C'est une opportunité pour nous de faire connaître et de vendre nos produits'', lance Katy Diop, agent commerciale chez un opérateur téléphonique venue de Dakar. Et pour ce faire, ‘'nous avons installé un stand et nous nous sommes répartis en petits groupes pour exposer nos articles'', explique t-elle.

Les mouvements associatifs veulent également tirer leur épingle du jeu. La casquette bien vissée sur la tête, les pieds nus et le pagne bien noué, Ndèye Rokhya Diop fait le tour de la plage.  L'association nordiste pour un développement élargi (ANDE) dont elle assure la vice-présidence veut ‘'mettre à profit'' la manifestation pour ‘'remplir son fonds de caisse''. Et la stratégie de cette association consiste à vendre des biscuits, des cigarettes aux pique-niqueurs.