Les Britanniques votent aujourd'hui pour des élections législatives anticipées. Les conservateurs emmenés par Theresa May ne sont plus assurés de décrocher une majorité.

Ce qui devait s'avérer une promenade de santé risque de virer au chemin de croix. Moins d'un an après son arrivée au 10 Downing street, Theresa May a cru bon convoquer des élections législatives anticipées qui se tiennent aujourd'hui au Royaume-Uni. La décision a été prise le 18 avril alors que son adversaire, le Labour perdait pied dans l'opinion. Les Torries entendaient alors porter le coup de grâce aux Travaillistes en gagnant cinquante sièges de plus au parlement. Jusque-là, la majorité des conservateurs n'était que de 17 députés. Pour le camp du Premier ministre, le plan était de sortir renforcé de ces élections afin de mener de fermes négociations pour le Brexit face aux 26 pays de l'Union européenne.

Mais voilà, partie vainqueur un peu la fleur au fusil, Theresa May a mené une mauvaise campagne. Persuadée que la question de cette élection se résumait au Brexit, la leader des conservateurs a négligé les questions intérieures. Mais les Travaillistes emmenés par un Jeremy Corbyn ont orchestré une bonne campagne réduisant peu à peu leur retard. L'opposant a ainsi dépeint une Premier ministre prête à aller jusqu'au clash avec l'Europe sur le Brexit puisqu'elle répète à l'envi qu'il vaut mieux pour l'Angleterre «pas d'accord qu'un mauvais accord». De quoi tétaniser les citoyens britanniques qui privilégient ces derniers jours l'approche plus en douceur de Jeremy Corbyn afin de préserver les droits des ressortissants britanniques.

Majorité incertaine

Résultat : un sondage ne donne les travaillistes plus qu'à quatre points derrière les Torries. Mais les sondages anglais n'ont pas la fiabilité des enquêtes d'opinion française. Les écarts entre différents instituts peuvent aller au-delà de dix points. «Il faut aussi se souvenir que les Britanniques gardent un amer souvenir des sondages qui prévoyaient que leur pays resterait au sein de l'Union européenne avec le résultat qu'on connaît» rappelle Olivier de France, chercheur à l'Iris.

Par ailleurs, la succession d'attentats qui ont secoué le Royaume-Uni (Manchester, Londres) ont entamé la crédibilité de la «dure» Theresa May jugée coupable d'avoir accéléré la chute des effectifs de police ces dernières années quand elle était ministre de l'Intérieur.

En réaction, elle a mis en cause hier les lois de défense des droits de l'homme qui empêchent les autorités, selon elle, de lutter comme le terrorisme. «Si les lois de défense des droits de l'homme nous empêchent de le faire, nous changerons ces lois pour pouvoir le faire.»

Aujourd'hui, les observateurs estiment que si les Torries ne ressortent pas des élections avec 50 sièges d'avance, ce sera une défaite. Les bookmakers, eux, tablent encore sur une victoire des conservateurs.