L'antenne de Karang de la Division nationale de lutte contre le trafic illicite de migrants (DNLT) a réalisé un coup de filet retentissant, avec l'interpellation de seize candidats à l'émigration irrégulière et du passeur présumé, le directeur de l'école primaire de Betenty 1. Les faits se sont déroulés le vendredi 19 septembre 2025, vers 23 h.

Les limiers de la brigade de surveillance, d'interpellation et de filature de l'antenne DNLT de Karang, agissant sur la base d'informations fournies par une source anonyme, ont mené une opération d'envergure au quai de pêche du village de Missirah. Seize candidats à l'émigration irrégulière et un homme identifié comme O. Seydi ont été arrêtés. Le nommé Seydi s'apprêtait à faire voyager clandestinement le groupe vers au village insulaire de Betenty, à bord d'une pirogue, profitant de la pénombre pour échapper aux contrôles, selon des sources de Seneweb proches du parquet.

Un réseau bien organisé

Les premiers interrogatoires ont révélé l'ampleur de l'organisation criminelle. La majorité des candidats interpelés sont de nationalité gambienne. Ils ont affirmé avoir été recrutés par des compatriotes restés en Gambie et qu'ils avaient versé leur contribution financière aux organisateurs O. Sarr et A. Ndour, domiciliés à Betenty et présentés comme les cerveaux de ce réseau de passeurs.

Le rôle du directeur d'école

L'enquête a pris une tournure inattendue, avec l'implication d'O.Seydi, directeur de l'école primaire de Betenty 1 et domicilié à Missirah. Les candidats ont révélé que les organisateurs leur avaient communiqué le numéro de téléphone du directeur comme contact de confiance. Sa mission : les recevoir dans le village de Missirah, situé dans la commune de Toubacouta, à une dizaine de kilomètres de Karang, et faciliter la poursuite de leur voyage vers Betenty où les organisateurs leur avaient donné rendez-vous.

Des preuves accablantes

Confronté aux accusations, O. Seydi a d'abord nié toute implication, prétendant que son numéro avait été communiqué à son insu et qu'il n'était pas informé de ce projet de voyage clandestin.

Cependant, l'enquête approfondie a mis au jour des éléments compromettants qui ont fini par le confondre. Les investigations ont révélé des liens troublants entre le suspect et le réseau de passeurs. Il a été établi qu'A. Seydi, fils du directeur d'école, ainsi qu'un neveu de son épouse avaient bénéficié, l'année dernière, d'un voyage gratuit vers l'Europe, organisé par le duo O. Sarr-A. Ndour, dans le cadre d'une opération similaire.

L'exploitation de son téléphone portable s'est avérée décisive. Les enquêteurs ont découvert des conversations WhatsApp compromettantes avec un candidat identifié sous les initiales I. S. et son ami, révélant ses activités de recrutement et de facilitation. Face à ces preuves irréfutables, O. Seydi a finalement avoué être au courant du projet depuis le mois d'avril.

Concernant les aspects financiers de l'opération, le directeur d'école a tenté de minimiser son rôle. Il a soutenu que les candidats I. S. et son ami avaient directement versé leur argent aux organisateurs, niant avoir personnellement perçu des sommes de la part des migrants. Il a également révélé que les organisateurs lui avaient offert une place dans la pirogue, qu'il avait mise à la disposition gratuite d'un de ses neveux.

Au terme de l'enquête, O. Seydi a été présenté, ce lundi 22 septembre 2025, au procureur judiciaire financier près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar. Il est poursuivi pour complicité de tentative de trafic de migrants et association de malfaiteurs.