Parmi les visages marqués par le conflit en Casamance, celui d’Amy Sagna restera l’une des images fortes de la tournée économique du Président Bassirou Diomaye Faye. Victime d’une mine il y a 27 ans, cette mère de six enfants a profité de la présence du Chef de l’État à Dar Salam pour livrer un témoignage poignant et solliciter un soutien direct pour les oubliés de la crise.

Depuis ce funeste 17 juillet 1998, la vie d'Amy Sagna a basculé. Native de la région, elle a vu son existence brisée alors qu’elle tentait de mettre sa famille à l’abri. Devant le Président de la République, elle a relaté avec précision les circonstances de son drame : « Je suis née ici et c’est ici que j’ai grandi. C’est durant notre fuite, au moment d’aller récupérer nos bagages le lendemain de notre arrivée ici à Dar Salam, que j’ai sauté sur une mine. C'était précisément le 17 juillet 1998 ».

À l'époque, Amy Sagna devait déjà s'occuper de ses six enfants, dont quatre filles et deux garçons. Son handicap, elle l'a porté comme un fardeau quotidien, luttant pour leur éducation malgré une mobilité réduite et une absence de ressources. Aujourd'hui, alors que le processus de paix s'accélère, elle exprime une volonté farouche de retour, freinée par l'extrême pauvreté des victimes.

« Je souffre de mon handicap depuis lors. En ce moment, je veux retourner chez moi, mais nous, victimes de mines, n’avons pas les moyens de rejoindre nos villages ou localités. C’est mon cri du cœur, Monsieur le Président. Je sollicite votre appui pour la construction, car nous faisons face à un manque criard de moyens », a-t-elle lancé avec émotion.

Au-delà de sa situation personnelle, Amy Sagna s'est faite la porte-parole de toutes les victimes civiles mutilées par les engins explosifs. Tout en saluant la démarche inédite du Chef de l'exécutif, descendu sur le terrain pour rencontrer les populations déplacées et sinistrées, elle a formulé une demande précise : une audience formelle.

« Nous souhaitons une audience pour nous permettre de vous rencontrer, nous les victimes de mines. C’est notre souhait le plus cher », a-t-elle conclu sous le regard attentif de Bassirou Diomaye Faye.

Ce témoignage direct souligne l'urgence d'une prise en charge sociale et économique qui doit accompagner le déminage technique des terres, afin que la paix en Casamance se traduise par une véritable dignité retrouvée pour ceux qui ont payé le prix fort du conflit.