Au Sénégal, l’accès des jeunes entreprises au capital-risque reste un défi majeur. Malgré un écosystème entrepreneurial dynamique, les startups rencontrent des obstacles réglementaires, fiscaux et structurels qui entravent la mobilisation de financements privés. Le tissu entrepreneurial dépasse 19 000 entreprises immatriculées au NINEA au deuxième trimestre 2025, mais peu d’entre elles parviennent à sécuriser un financement en capital-risque.

Ces freins se manifestent à plusieurs niveaux. Les procédures administratives pour la création de fonds ou l’investissement dans des sociétés restent complexes et parfois coûteuses. Les régimes fiscaux, encore peu adaptés aux cycles courts et aux risques élevés du capital-risque, pénalisent les investisseurs potentiels. Enfin, le manque de structures locales spécialisées et de compétences en gestion financière limite l’accompagnement stratégique des startups, en particulier dans les zones hors Dakar, où près de 55 % des nouvelles entreprises sont concentrées dans la capitale.

Le moment où ces obstacles se font le plus sentir coïncide souvent avec la phase de levée de fonds initiale, lorsque les jeunes pousses cherchent à sécuriser les montants nécessaires à leur développement. L’incapacité à franchir ces barrières retarde l’industrialisation de certaines idées innovantes et réduit la capacité des entreprises à s’intégrer pleinement aux chaînes de valeur régionales et internationales. Les conséquences se traduisent par un ralentissement de l’emploi qualifié et une dépendance accrue aux financements étrangers ou aux fonds personnels des entrepreneurs.

Pour que le capital-risque devienne un levier réel de croissance, il est nécessaire de repenser la régulation et la fiscalité, de développer des instruments de soutien adaptés et de créer des plateformes locales de conseil et de financement. La réussite des startups sénégalaises dépendra de leur capacité à conjuguer expertise locale et ouverture aux investisseurs internationaux tout en surmontant les blocages structurels persistants.