Jean-Claude Marut est chercheur au CNRS. Dans un entretien repris par nos confrères de Sud Quotidien, il analyse les développements du dossier «Casamance», notamment la polémique autour de la «levée» par l’Etat du Sénégal du mandat d’arrêt lancé contre le chef rebelle, Salif Sadio. Un mandat d’arrêt dont le chercheur doute de l’existence.
« Comment ce mandat a-t-il pu être levé s’il n’a jamais existé ? S’il n’a jamais existé, cela signifierait-il qu’Abdoulaye Wade aurait menti aux Sénégalais ! Mais pourquoi leur faire croire ou leur laisser croire aujourd’hui que le mandat est levé ? Rechercherait-on des effets d’annonce ? », s’interroge Jean-Claude Marut.
« Quoi qu’il en soit, a-t-il relativisé, l’important est qu’il n’y ait pas de mandat d’arrêt contre Salif Sadio. On ne sait pas si sa tête est toujours mise à prix ! En supprimant une cause de blocage, l’annonce constitue un signe encourageant dans un processus de paix qui paraissait en panne depuis quelque temps ».
Pour le chercheur, « apprendre qu’il n’y a pas de mandat d’arrêt international contre un chef indépendantiste me paraît (…) aller dans les sens d’une décriminalisation et donc d’une reconnaissance de ce point de vue politique ».
Reconnaissant aussi à Macky Sall la volonté d’inclure dans le dialogue toutes les branches de la rébellion, à commencer par le chef rebelle, Salif Sadio dont le chercheur semble convaincu de la légitimité.
« C’est justement sa ténacité qui lui vaut son nouveau statut d’interlocuteur privilégié de l’État », analyse Jean-Claude Marut. Salif Sadio, dit-il, « a la réputation d’être le seul chef maquisard à avoir toujours refusé l’argent de l’État sénégalais. À ce titre, cette annonce s’inscrit dans le sillage de la rencontre de Rome entre ses représentants et ceux de l’État, puis de la libération de prisonniers à laquelle il a procédé le 9 décembre en signe de bonne volonté. On peut également penser qu’elle prend en compte le cessez-le-feu de facto qu’il observe depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir », a soutenu Jean-Claude Marut
Toutefois, réfutant l’information relative à une audience entre Macky Sall et Salif Sadio au Palais de la République, le chercheur dénonce « un bel exemple de manipulation », une information « difficilement crédible ».
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