La rencontre du Collectif des 25 candidats à la présidentielle (C25), hier au siège de Bokk Gis-Gis, a fini de convaincre les Sénégalais sur l'incapacité de l'opposition à imposer à Macky Sall un rapport de force. Dès lors, d'aucuns comprennent, avec le recul, l'invalidation de la candidature de 22 d'entre eux, dont 20 à l'étape du parrainage, à l'élection du 24 février 2019. Imaginez d'anciens Premiers ministres, un ex-président de l'Assemblée nationale et une kyrielle de personnalités se chamailler, le mot n'est pas trop fort, pour des places. Histoire d'occuper un bien meilleur angle pour les caméras. Curieusement, c'est le seul candidat admis à concourir, en l'occurrence Idrissa Seck, qui a cédé son siège aux recalés pour se mettre derrière. Un geste de haute portée, du reste salué à sa juste mesure, par les jeunes et militants présents.

Et, comme si cela ne suffisait pas, Me Abdoulaye Wade sort de sa réserve pour mitrailler Me Madické Niang. Dans un entretien accordé à Dakar Times, l'ancien chef d'État se défoule littéralement sur son désormais ex-confident et membre du premier cercle. Allant même jusqu'à demander l'exclusion du candidat de la coalition Madické 2019 du C25. Wade d'en rajouter une couche : "Pour lui laisser des chances de s'amender, nous n'avions pas voulu le faire remplacer à son siège de député, bien que la jurisprudence nous l'eût permis. Dès lors, je voudrais lui suggérer de nous rendre, sans bruit, notre siège de député. J'ose espérer qu'il ne choisira pas l'affrontement, même s'il compte sur Macky Sall et son ministre de l'Intérieur… Pour finir, Madické devrait arrêter, malgré la promesse faite à une bonne volonté, d'utiliser nos couleurs".

Du pain béni pour Macky SallToujours dans sa volonté d'en découdre avec Me Madické Niang, du moins officiellement, le Parti démocratique sénégalais (Pds) n'avait pas cru devoir répondre favorablement, le 13 décembre dernier, à la cérémonie de lancement de la Plateforme opérationnelle de sécurisation des élections (Pose). Interpellé sur la question, son initiateur Me Mame Adama Guèye n'a pas voulu s'épancher sur le sujet, préférant renvoyer la balle au Pds qui a bien reçu son invitation. Mayoro Faye, chargé de la communication du parti de Wade, avait argué l'absence des membres du Comité directeur du Pds de Dakar et l'indisponibilité de ceux qui y étaient, à savoir Oumar Sarr et Me Amadou Sall. Une bien diplomatique réponse qui cache mal le dessein des libéraux de ne pas participer à une élection sans Karim Wade et organisée, de surcroît, par Aly Ngouille Ndiaye.

Une attitude qui prouve, à suffisance, que ce n'est pas demain la veille que l'opposition regardera dans la même direction. Entre agendas personnels de ses principaux acteurs, rancœurs qui reviennent à la surface et suspicion, le constat, triste et amer, à est que Macky Sall a réussi avec brio là où tous ses prédécesseurs ont échoué : réduire son opposition à sa plus simple expression. En effet, les Sénégalais ont été déçus de voir, aux législatives de 2017, le projet d'alliance entre Abdoulaye Wade et Khalifa Sall faire pschitt. Un clash qui fut du pain béni pour la coalition Benno Bokk Yaakaar, qui s'en tira à si bon compte avec une majorité plus que confortable à l'Assemblée nationale. En tout cas, au rythme où vont les choses, il serait surprenant de ne pas voir Macky Sall, qui cherche un second mandat, jubiler le 24 février prochain.