Le géographe Amadou Diop, coordonnateur du Groupe d’étude, de recherche et d’appui au développement local (GERAD), a abouti au terme d’une analyse des locales de 2009 à la conclusion selon laquelle l’appartenance religieuse n’est presque plus ’’un critère déterminant’’ dans le vote des Dakarois.
’’Dans 40 communes sur 43 (que compte la région de Dakar), plus de 80 % des électeurs pensent que l’appartenance religieuse n’est pas déterminante dans le choix des candidats, confirmant ainsi le relâchement de l’emprise qu’exerçaient les marabouts sur les fidèles’’, note le chercheur dont l’étude intitulée ’’Atlas des élections locales à Dakar’’ porte sur les comportements des électeurs.
Amadou Diop estime qu’’’il faudra veiller au maintien des grands équilibres sociaux et au respect des principes qui ont toujours guidé la cohabitation à la fois religieuse et confrérique’’, relevant par ailleurs que les consignes de vote des marabouts ‘’ne sont plus suivies’’.
’’On assiste à l’érosion progressive de leur autorité tutélaire. L’expression de la +citoyenneté politique+ va au-delà de l’appartenance à une confrérie’’, commente le chercheur. Selon lui, ‘’on assiste à l’émergence et à la multiplication des interventions directes des +marabouts+ installés à la périphérie des confréries religieuses structurées et respectant une hiérarchie rodée et conservatrice de ses privilèges et de son aura’’.
’’L’allégeance au Ndigël (consigne de vote) commence à présenter ses limites, pour indiquer que l’expression de la +citoyenneté politique+ est en train de s’affranchir de l’appartenance organique à une confrérie’’, constate le géographe.
D’où son interrogation : ‘’Serait-on à la veille de la naissance et de l’implosion de la classe des +oustaz+ et autres imams qui investissent les interstices laissés vides par les professionnels de la politique et les brèches ouvertes par les institutions maraboutiques au Sénégal ?’’ ‘’Il est permis de le penser au vu des résultats des élections du 22 mars 2009’’, répond M. Diop.
L’objectif de l’Atlas de présentation cartographique des résultats des élections locales du 22 mars 2009 est ‘’d’identifier et d’interroger des comportements électoraux ainsi que les motivations qui le sous-tendent’’.
Il s’est agi pour Amadou Diop, par ailleurs coordonnateur du Groupe d’étude, de recherche et d’appui au développement local (GERAD), de ‘’mener une enquête postélectorale pour demander à certains électeurs quels ont été leurs votes’’.
La réalisation de cet atlas a été soutenue par ce type d’enquête effectuée dans les 43 communes d’arrondissement de la région de Dakar. L’auteur a choisi d’interroger volontairement 100 personnes par commune, obtenant ainsi un échantillon de 4300 personnes.
‘’La difficulté de disposer d’une base de sondage constituée par la liste des votants a motivé le choix d’une démarche empirique’’, explique Amadou Diop.
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