Gynécologue, sage-femme. Des métiers qui, dans l’imagerie populaire, surtout africaine, devraient être dévolus à la gent féminine. Parce que ces professions s’intéressent à ce que la femme a de plus intime: son sexe.Mais d’où vient-il alors, que de plus en plus d’hommes se bousculent aux portillons des hôpitaux pour se donner corps et âme à ces métiers? Une situation qui suscite de la réprobation, une vive curiosité ici et là. Qu’ont-ils à aimer «farfouiller» dans les ventres des femmes?
Est-ce le signe d’une époque sans pudeur? Histoire d’un travail... d’une passion, sans tentation.
Une gêne tenace
«Le gynécologue, c’est celui qui travaille là où les autres s’amusent», le comédien Adama Dahico, nous régalant ainsi d’une de ses histoires cocasses qui force le rire, dépeint admirablement le goût étrange d’un métier particulièrement délicat. Car, il s’agit ici de l’intimité de la femme, la sœur, la mère, l’épouse.
La gynécologie est l’étude de l’anatomie, de la physiologie et de toutes les pathologies liées à l’appareil génital féminin. Et lorsqu’on sait que l’objet du gynécologue et de l’accoucheur est la femme et plus particulièrement son sexe, cela soulève immanquablement des interrogations. Si, avec le modernisme, les métiers n’ont plus de genre, les mentalités africaines n’ont pas encore suivi véritablement dans plusieurs domaines.
De telle sorte qu’il y a des situations qui choquent et heurtent encore les esprits. Les gynécologues et les accoucheurs font encore partie de celles-là. «Des mâles qui trouvent leurs expressions et inspirations dans «le ventre» de la femme. Cela relève encore du tabou. Et, force est de reconnaître que sous les tropiques, des femmes ont du mal à l’idée d’être «fouillées» par un homme. «Se dénuder devant un homme est un sacrilège du fait, justement, de l’emprise de la coutume sur elles», argue le sociologue.
En outre, poursuit-il, «dans le même contexte, il est «inconcevable et inconvenable pour un homme de faire accoucher une femme ou qu’elle se déshabille en sa présence, fût-il pour un besoin de santé». Awa Kanté, ménagère à Adjamé Dallas, avoue avoir été terriblement gênée le jour de son accouchement quand elle fut accueillie dans la salle par un homme et elle l’explique éloquemment : «D’abord, je n’ai pas voulu ôter mon pagne, malgré la douleur atroce. Seulement, il a fallu que ma tante me convainque mais j’étais morte de honte».
Des maris jaloux
Au sein de la gent masculine, on accepte difficilement qu’un homme, autre que l’époux ou le partenaire «tripote» la femme. Et des conjoints jaloux font aux gynécologues une longue querelle. «Leurs consultations prennent parfois des accents pas du tout médicaux», fait remarquer Ousmane, homme d’affaires, avec une pointe d’exagération.
Quant à Frédéric, il confie : «Je n’ai rien contre ces hommes qui s’occupent de nos femmes .Mais une chose est sûre, le gynécologue de mon épouse ne peut pas être mon ami». «En aucun cas!», convient, avec lui de manière péremptoire, Mathurin, informaticien. Toutefois, des hommes «plus civilisés» disent ne pas rencontrer «ce complexe». Du fait, on peut le dire, «d’une certaine ouverture d’esprit». Néanmoins, des centaines de fois, l’on s’est posé cette question : qu’ont-ils ces hommes, «à plonger les mains partout», «à farfouiller dans les entrailles féminines?» comment résistent-ils «aux charmes»des femmes nues avec lesquelles ils sont enfermés entre quatre murs?
Une vocation sincère
Généralement, les étudiants en médecine choisissent la gynécologie sans arrière-pensée, affirme-t-on avec force. À priori pour eux, c’est un métier comme tout autre. À la vérité, le métier de gynécologue ou d’accoucheur n’est pas une mince affaire, reconnaît Dr Cautauckaud., de l’Hôpital général d’Abobo, «en ce sens que nous avons en face de nous au moment de la consultation deux personnes en une: la femme et la patiente». En clair, c’est la passion d’un travail plein de... subtilités qui les soulève, les emporte. «Un acte de consultation épuré de toutes idées déplacées ou décalées», note le praticien.
Aussi, renchérit-il, « ce qui intéresse le gynécologue, c’est, avant tout, le mal à déceler et à traiter. Afin de panser les tourments des corps féminins». Mais, il n’occulte pas la présence d’indélicats dans les rangs des gynécologues : «Il ne faut surtout pas tomber dans les dérives», fait-il remarquer. Les dérives, voilà la grande affaire!
Des pervers à l’index
Au chapitre des dérives, si concernant les accoucheurs, la question ne se pose nullement, ce n’est pas le cas chez des gynécologues. Où des excès effrayants encombrent le tableau des consultations, selon des confidences. Des agissements troubles qui font découvrir des choses :«J’ai souvent eu vent des indélicatesses de certains gynécologues sur la place abidjanaise, voire à l’intérieur du pays», rapporte Micheline, esthéticienne. Avant d’ajouter: «Je n’en ai pas été personnellement victime, mais, on raconte que des praticiens pervers ou obsédés sexuels font endormir leurs patientes et couchent avec elles».
D’autres sources, cette fois médicales, révèlent qu’un gynécologue a même abusé d’une de ses patiente savant de l’épouser. «Vous savez, ce sont des hommes et la chair est faible!», professe un observateur. Et de souligner que «fort heureusement, ces brebis galeuses ne sont pas nombreuses».Aussi, conseille-t-il fortement à ces professionnels d’éviter que le serment d’Hippocrate ne se transforme en «vœu d’hypocrite !» Quant aux gynécologues et accoucheurs, ils affirment «faire leur travail avec des mains certes expertes mais innocentes».
HADIYA SIDIBE (Frat-Mag)
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