Il s'appelle Yariv Elbaz, il est âgé de 41 ans et est un investisseur né au Maroc. Il est sur le point de prendre le contrôle de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) ainsi que celui des Grands Moulins de Dakar et d’Abidjan. Montant de la transaction : près de 1 milliard d’euros (655 milliards de Fcfa).

Avant 2014, Yariv Elbaz était peu connu au Maroc, où il est pourtant né, raconte “Jeune Afrique”. Jusqu'au jour où ce patron du gestionnaire de fonds et investisseur Ycap (1,2 milliard d’euros sous gestion) a annoncé qu’il rachète le producteur de farine et de semoule Forafric (marques Maymouna et Ambre), un poids lourd local. La presse marocaine estimait l’opération à une centaine de millions d’euros.

Il a ainsi poursuivi son bonhomme de chemin jusqu'en 2016, date à laquelle il a convaincu le milliardaire Jean-Claude Mimran, 71 ans, de lui céder les joyaux de son empire  : la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), les Grands Moulins de Dakar (GMD) et les Grands Moulins d’Abidjan (GMA).

Un ancien financier chez Bnp

Elbaz est un diplômé de l’école de commerce ESCP Europe Paris (promotion 1998). Il a commencé sa carrière de financier en France chez BNP avant d’y cofonder en 2001 le gestionnaire de portefeuille Keren Finance (1 milliard d’euros gérés aujourd’hui), qu’il quittera au bout de dix-huit mois pour créer une autre société de gestion, la Cogef, basée elle à Genève, note “Jeune Afrique”. Il revendra plus tard ses parts en 2009 pour fonder en 2010 le groupe Ycap, installé à Luxembourg et à Paris. Une société dont il reste actionnaire, mais où il n’exerce plus de fonction opérationnelle.

Très proche de Richard Attias, avec lequel il partage ses bureaux parisiens à deux pas du très chic hôtel George-V, il est régulièrement invité aux conférences du communicant franco-marocain.

Il a su tisser des liens avec le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS), qui a investi, pour des montants non connus, dans deux fonds montés par Elbaz en 2012. L’origine et le montant de sa fortune personnelle ne sont pas connus.

Le défi sénégalais et ivoirien

Au Sénégal et en Côte d’Ivoire, Elbaz sera confronté à d’importants enjeux, croit savoir “Jeune Afrique”. La situation des Grands Moulins s’es, en effet, considérablement dégradée en dix ans. S’ils restent rentables, ils ont perdu leurs confortables monopoles sous les présidences d’Abdoulaye Wade et de Laurent Gbagbo. Certes, les deux sociétés détiennent encore entre 50% et 70% de leurs marchés, mais ils doivent faire face à une concurrence grandissante sans possibilité d’exporter sur un marché ouest-africain en surproduction, note l'hebdomadaire.

Quant à la CSS, qui totalise à elle seule la moitié des bénéfices de Mimran en Afrique, elle reste seule au Sénégal bien que l’ouverture du marché, localement ou à l’importation, constitue un risque grandissant, note “Jeune Afrique”.