La dissonance des voix entre le porte-parole du Président et celui du gouvernement a laissé des effets au sein du gouvernement. Certains parlent de cette médiation pénale comme un ballon de sonde mal joué, que le Président Macky Sall a voulu dégonfler.
«Ça fait désordre», avait dit Ousmane Tanor Dieng sur la communication autour de la proposition de médiation pénale. Les voies divergentes, empruntées par les voix officielles, dans cette histoire ont laissé un désordre au plus haut sommet. Si du côté du Palais, l’on jure, comme le ministre de la Justice dans L’Observateur d’hier, que le président de la République «n’a jamais eu une telle intention (médiation pénale avec 80% de restitution)», d’autres sources se disent convaincues que le porte-parole du gouvernement «n’aurait jamais pris cette responsabilité d’aller au front sans l’aval de l’autorité». Quelle autorité ? Réponse ambigüe et sibylline : «N’oubliez pas qu’il (Latif) est aussi, tout comme le ministre de la Justice qui a parlé à sa suite, membre du gouvernement.» Toujours est-il que Le Quotidien a appris que Macky Sall a «mal pris» cette dissonance sur la gestion des biens mal acquis et qu’il ne serait «pas au courant» de la sortie du ministre de la Promotion de la bonne gouvernance. Cette thèse voudrait faire croire que le chef de l’Etat n’est pas informé de la démarche des 80% ou plus de restitution des biens mal acquis. Seulement, il se dit que l’impopularité de cette proposition de médiation pénale en faveur des éventuels coupables de détournements de deniers publics a fait «reculer» Macky Sall. Parce qu’au départ, c’était un «ballon de sonde bien mûri», mais «sans coordination» entre le porte-parole du Président et celui du gouvernement. Et qu’en réalité, le Président Sall, «s’étant rendu compte de la levée de boucliers de la société civile et de la presse, a préféré reculer pour ne pas ouvrir d’autres fronts et donner l’impression que le dossier est politique».
Macky envoie Mimi Touré pour rassurer les magistrats
La sortie de la Garde des Sceaux dans L’Observateur obéirait à une volonté du Président Sall qui n’aurait pas apprécié que Abou Abel Thiam et Latif Coulibaly «n’aient pas pu parler le même langage dans cette affaire». Si Aminata Touré est montée au créneau pour préciser que son collègue, porte-parole du gouvernement, n’a fait qu’«exprimer son opinion» et que l’Etat «n’a pas varié», c’est que, confie-t-on au Palais, c’est le Président qui lui a demandé de «rectifier le tir». Mais aussi, ajoutent les mêmes sources, c’est une façon de «rassurer» Mme Touré elle-même parce que, informe un membre de son cabinet, «elle n’était pas au courant de la démarche pour une quelconque médiation pénale. Mais aussi, elle serait capable de démissionner si la mesure était confirmée par le chef de l’Etat, qui ne l’en avait pas informée». C’est également une pierre deux coups qu’elle a fait à la suite du porte-parole du gouvernement. En effet, si Aminata Touré a rappelé dans L’Observateur que «les personnes habilitées à traiter de ces questions (médiation pénale) sont les procureurs et les juges», c’est pour rassurer, à son tour, les magistrats qui, souffle-t-on, ont perçu cette proposition de médiation pénale comme une «immixtion» de l’Exécutif dans le Judiciaire, alors que le nouveau régime prône l’indépendance de la Justice.
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