Crise universitaire : Abdou Mbow s’indigne du « silence coupable » du président Faye et du gouvernement de Sonko
La tension qui secoue les universités sénégalaises a franchi un nouveau palier. Face aux violences enregistrées sur plusieurs campus et à la présence controversée des forces de l’ordre dans les espaces universitaires, le député Abdou Mbow a brisé le silence, dénonçant ce qu’il qualifie de « silence coupable » du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et du gouvernement dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko.
Selon le parlementaire, qui s'exprimait pendant l'examen du budget du ministère de la Santé et l'Hygiène publique en plénière, hier jeudi, la situation au sein des établissements d’enseignement supérieur est devenue « de plus en plus préoccupante », au point de constituer une véritable crise nationale. Il s’indigne notamment de l’intervention policière dans les universités, qu’il juge non seulement excessive, mais contraire au cadre juridique qui protège les franchises et libertés universitaires.
Abdou Mbow s’appuie sur l’article 6 de la loi 94-79 relative aux franchises et libertés universitaires pour étayer sa position. Ce texte prévoit que l’intervention des forces de l’ordre au sein d’une université ne peut se faire que lorsque la vie ou la liberté des personnes est gravement menacée ou lorsque la sécurité des biens est en péril. Et même dans ce cas, insiste-t-il, cette intervention doit être exceptionnelle et cesser dès la disparition de la menace.« Rien de ce qui se passe actuellement ne justifie la présence permanente de policiers dans l’enceinte des universités », a-t-il déclaré.
Pour lui, les scènes de traque, de répression et de blessés parmi les étudiants sont « inadmissibles » et portent gravement atteinte à l’image de l’institution universitaire, censée être un espace de savoir, de liberté et de débat.
Très remonté, le député a tenu à rappeler que les étudiants sont « ni des bandits ni des voleurs, encore moins des brigands ». À ses yeux, leur seul tort est d’avoir réclamé le paiement de leurs bourses et l’amélioration de leurs conditions de vie et d’études.« Il ne faut plus casser de l’étudiant », a-t-il lancé, appelant l’État à protéger plutôt qu’à réprimer cette jeunesse souvent décrite comme l’avenir du pays.
Autre point de cristallisation : l’absence de toute référence à la crise universitaire lors du Conseil des ministres du 3 décembre. Ni le président de la République ni le Premier ministre, encore moins le gouvernement n’ont évoqué la situation, selon Abdou Mbow. Un mutisme qu’il estime « choquant » face à la gravité des événements.
« Quand des jeunes sont blessés dans leurs propres campus, le minimum est que les plus hautes autorités en parlent et agissent », a-t-il souligné, appelant à une réaction institutionnelle urgente.
Abdou Mbow estime que si l’État a pu mobiliser près de 5 milliards de francs CFA pour indemniser d’anciens détenus politiques, il ne peut raisonnablement pas invoquer un manque de moyens pour justifier les retards de bourses. « On ne peut pas trouver de l’argent pour certains et dire ensuite qu’il n’y en a pas pour les étudiants », a-t-il dénoncé, qualifiant cette situation d’injustice flagrante et de facteur aggravant des tensions.
Le député invite le ministre des Finances à intervenir directement auprès du chef de l'État et du Premier ministre afin d’obtenir le retrait immédiat des forces de l’ordre des universités et le règlement rapide de la question des bourses.
Pour Abdou Mbow, le temps presse : « Il faut régler le problème de l’université avant qu’il ne soit trop tard.» Faute de quoi, avertit-il, la crise pourrait s’étendre et prendre des proportions incontrôlables.
Commentaires (2)
Si tous les étudiant faisaient comme toi 5 ans en premiere année
L’État n'a pas d'argent. Non n'allons tout de même pas dire à PASTEF où se trouve son intérêt.
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