Logement, foncier, décentralisation : Le ministre expose les chantiers prioritaires de la transformation territoriale
Le ministre Balla Moussa Fofana a détaillé les défis structurels auxquels fait face le Sénégal en matière de logement, d’urbanisme, de gouvernance territoriale et d’état civil. Pendant sa prise de parole lors de l’examen en plénière du budget de son département, ce mardi 9 décembre 2025, il est revenu sur « l’ampleur des réformes en cours, dans un contexte où le pays accuse un déficit chronique de logements et des dysfonctionnements persistants dans la gestion locale ».
Un déficit de plus de 500 000 logements : “Quand la construction va, tout va”
Le ministre rappelle qu’en 2013, une étude menée avec la Banque mondiale estimait les besoins en logement à 300 000 unités, sous l’effet d’une forte croissance démographique. Or, malgré les programmes lancés depuis lors, la production annuelle n’a jamais dépassé 12 000 logements. Conséquence : un déficit cumulé au-delà de 500 000 unités.« Il suffit de prendre 500 000 unités et de les multiplier par 20 millions pour comprendre l’ampleur du défi financier », souligne-t-il, évoquant la nécessité de construire un écosystème d’investissement solide pour rendre le logement accessible.
À l’Assemblée nationale, il a défendu une révision de la loi sur l’habitat social et un programme intégré mobilisant investissements publics et privés. Les leviers envisagés vont des avantages fiscaux et fonciers à la mise à disposition de carrières ou encore la création d’une zone industrielle à la sortie 5 dédiée aux matériaux et procédés de construction.
Le foncier, “un des défis les plus importants du régime”
Le ministre reconnaît que la question foncière reste l’un des sujets les plus sensibles. La réforme, dit-il, ne relève pas d’un seul ministère : « elle implique une Commission nationale, les collectivités locales, ainsi que les autorités techniques chargées de l’aménagement.
Il appelle à un strict respect des plans d’urbanisme et des principes de planification : protection des forêts, préservation des terres agricoles, gestion des zones à risque, intégration des zones industrielles et des carrières » dit-il. Pour limiter les dérives locales, le ministère élabore une cartographie du territoire hectare par hectare, identifiant usages, risques et projections.
L’objectif est d’en faire une loi opposable aux maires et acteurs locaux, afin de mieux encadrer les décisions d’occupation des sols. « Il faut protéger les terres agricoles et les forêts, et veiller à ce qu’un lotissement ne soit jamais implanté dans une zone inondable ou humide », a martelé le ministre.
Décentralisation : 130 collectivités locales bientôt auditées
Un schéma national d’aménagement et un projet de loi sur les pôles territoires sont finalisés, selon le ministre, qui dit avoir reçu instruction du Premier ministre pour accélérer la mise en œuvre. Dans ce cadre, il a demandé aux 14 gouverneurs, préfets et services concernés de produire un état des lieux complet. « Des missions de vérification seront envoyées dans 130 collectivités locales afin d’évaluer la gestion et le respect des procédures. Les rapports seront partagés avec la Cour des comptes », dit-il. Fort de vingt années passées en Europe et en Amérique du Nord, le ministre dit comprendre l’ampleur des difficultés rencontrées par la diaspora en matière de logement.
Le gouvernement prépare ainsi une plateforme nationale d’accès au logement, permettant de : « vérifier les promoteurs, centraliser les offres fiables, faciliter la relation avec les banques, quantifier la demande réelle ». Un conseil interministériel sur le logement a été demandé par le Premier ministre.
Grève des collectivités : audit physique et future fonction publique locale
Revenant sur la grève des agents territoriaux, le ministre indique que 16. 000 recrutements ont déjà été effectués, souvent avec des contrats précaires de 60. 000 à 80. 000 francs. Un audit physique des municipalités est en cours, ainsi qu’un travail avec la Fonction publique et les Finances pour stabiliser le système selon le ministre. L’objectif, dit-il, est d’aller vers la fonction publique locale, pour garantir des statuts plus clairs et plus équitables.
État civil : 30 millions d’actes, dont 20 millions numérisés
La question de l’état civil demeure « fondamentale ». Le Sénégal compte environ 30 millions d’actes (naissances, décès, mariages), dont 20 millions numérisés. La poursuite du processus est en discussion avec l’Union européenne, dans le cadre d’un financement additionnel. « Tant que les registres resteront en papier, nous aurons des problèmes », alerte le ministre, appelant à une digitalisation complète et sécurisée. Cet ensemble de réformes, affirme-t-il, s’inscrit dans la vision présidentielle d’une transformation sur 50 ans, centrée sur le développement territorial et la mise en cohérence des politiques publiques. Une ambition qui, selon lui, commence par la maîtrise du foncier, la planification urbaine, la gouvernance locale et la fiabilité de l’état civil.
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