À la BRVM, les courbes bougent comme si elles faisaient la sieste, étirant leurs lignes sur les graphiques avec une lenteur presque méditative. Pas de krachs spectaculaires, pas d’euphories frénétiques, juste un calme presque trop calme, comme si le marché se contentait de respirer en attendant des jours meilleurs. Les investisseurs internationaux passent par ici comme des trains rapides dans une gare fantôme, aperçus à travers les vitres, mais jamais assez longtemps pour descendre ou acheter un billet.

Les ordres d’achat et de vente s’égrènent avec parcimonie, transformant le parquet en un salon d’attente pour fortunes à venir. Chaque action qui change de mains semble avoir été longuement réfléchie, pesée, analysée, comme si la prudence était devenue le sport national de la BRVM. Les volumes échangés sont souvent timides, trop timides pour susciter la moindre agitation, laissant la volatilité des marchés mondiaux paraître un feu d’artifice à côté du ballet presque immobile des indices régionaux.

Dans les rapports officiels, on vante la stabilité et la régularité des transactions, mais derrière ces mots se cache une contradiction fascinante. La Bourse est stable parce qu’elle dort, pas parce qu’elle prospère. Les investisseurs locaux tentent de jouer le rôle de catalyseurs, mais souvent leurs efforts se heurtent à un marché trop calme, trop prévisible, incapable de refléter les mouvements rapides de l’économie réelle.

Et pourtant, malgré cette langueur apparente, chaque séance recèle sa propre poésie. Observer les courbes onduler doucement, sentir le pouls d’un marché qui respire au rythme de ses propres règles, c’est comprendre que la BRVM n’est pas une Bourse comme les autres. Elle est un lieu où la patience est la principale devise et où les rêves d’investissement doivent apprendre à danser au ralenti.