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Dans un monde où l’innovation scientifique est un levier stratégique de développement, le Sénégal continue de naviguer à contre-courant. Le financement de la recherche, pilier souvent invisible mais crucial de tout progrès économique et social, reste structurellement sous-doté. Alors que les discours politiques célèbrent l’économie du savoir, les moyens alloués, eux, peinent à suivre. Le pays consacre moins de 0,3 % de son PIB à la recherche et au développement, bien en deçà de la recommandation de l’Union africaine fixée à 1 %. Un écart qui illustre l’ampleur du chantier encore à construire.
L’État sénégalais reste le principal bailleur de la recherche, via le ministère de l’Enseignement supérieur, mais ses efforts restent limités face aux besoins croissants des universités et centres de recherche. Une partie non négligeable des financements provient de l’étranger : Union européenne, Banque mondiale, Agence française de développement, ou encore fondations privées comme la Fondation Gates pour les domaines de la santé ou de l’agriculture. Ce financement extraverti n’est pas sans conséquence : il oriente les priorités vers les axes préférés des bailleurs (paludisme, changement climatique, nutrition infantile…), au détriment d’enjeux plus locaux ou moins “finançables”, tels que les langues nationales, les savoirs endogènes, ou encore la gouvernance numérique.
Ainsi, des secteurs entiers demeurent dans l’ombre, sans financement structurant, ni laboratoire équipé, ni bourses de doctorat suffisantes. Les chercheurs, souvent contraints de “courir les appels à projets” étrangers, adaptent leurs objets d’étude pour les rendre “bankables”, au risque d’éloigner leur travail des réalités nationales. Ce manque de souveraineté scientifique freine non seulement l’innovation locale, mais alimente aussi l’exode des talents. Sans une refonte volontariste du financement de la recherche ; dotations budgétaires de taille, incitations fiscales pour les entreprises innovantes, partenariats publics-privés transparents ; le Sénégal risque de continuer à sous-exploiter son immense potentiel intellectuel.
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