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Une mission du Fonds Monétaire International (FMI), dirigée par Edward Gemayel, a conclu ce mardi une visite au Sénégal, du 18 au 26 mars, pour examiner les conclusions explosives du rapport d’audit de la Cour des Comptes, publié le 12 février 2025. Cet audit, couvrant la période 2019-2023, a mis en lumière des "déclarations erronées significatives" des déficits budgétaires et de la dette publique, confirmant des écarts majeurs dans les données officielles de l’époque.
Selon le FMI, le déficit budgétaire moyen sur cette période a été révisé à la hausse de 5,6 points de PIB, tandis que la dette de l’administration centrale a bondi de 74,4 % à 99,7 % du PIB à fin 2023. "Ces révisions reflètent principalement des passifs non divulgués antérieurement, dont des emprunts dissimulés représentant 25,3 points de PIB", a déclaré Edward Gemayel dans un communiqué officiel. Ces chiffres révèlent des "graves lacunes dans le contrôle budgétaire et la reddition des comptes", selon l’équipe du FMI, qui a analysé les facteurs institutionnels et procéduraux à l’origine de ces incohérences.
La mission a également évalué la situation économique récente. En 2024, le Sénégal a affiché une croissance résiliente de 6,0 % du PIB réel, portée par le secteur des hydrocarbures, avec une inflation contenue à 0,8 %. Cependant, le déficit budgétaire a atteint 11,7 % du PIB et la dette publique 105,7 % du PIB, exacerbés par des conditions de financement plus difficiles, marquées par des emprunts extérieurs coûteux à court terme.
Face à ces défis, le FMI insiste sur la nécessité de "réformes audacieuses et crédibles" pour ramener le déficit budgétaire dans les limites de l’UEMOA (3 % du PIB) et réduire la dette. Parmi les mesures prioritaires, l’institution cite "la rationalisation des exonérations fiscales" et "la suppression progressive des subventions énergétiques coûteuses et non ciblées". Ces ajustements, selon Gemayel, sont essentiels pour "reconstituer les marges de manœuvre budgétaires" et soutenir les priorités de développement.
Le FMI salue "l’engagement fort des autorités sénégalaises en faveur de la transparence et de la redevabilité budgétaires" et se dit prêt à accompagner le pays dans un nouveau programme de réformes. Toutefois, les discussions sur ce programme ne débuteront qu’après la mise en œuvre de "mesures correctrices" et l’examen du dossier par le Conseil d’administration du FMI.
Au cours de cette mission, l’équipe a rencontré des figures clés, dont le président Bassirou Diomaye Faye, le ministre des Finances Cheikh Diba, et le ministre de l’Économie Abdourahmane Sarr, ainsi que des représentants de la société civile et des partenaires au développement. Ces échanges, qualifiés de "francs et fructueux", témoignent de la volonté du Sénégal de tirer les leçons de cet audit pour renforcer la gestion de ses finances publiques.
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